Solar Impulse 2, deuxième prototype de Bertrand Piccard et André Borschberg, a été dévoilé le 9 avril à Payerne. L’aéroplane solaire, large de 72 m et pesant 2300 kg, doit s’envoler autour du monde dès mars 2015, mais depuis le Moyen-Orient et non depuis la Suisse
Géant des airs pour tour du monde solaire
Technologies Solar Impulse 2, deuxième prototype de l’équipe éponyme, a été dévoilé le 9 avril
L’aéroplane solaire, large de 72 m, doit s’envoler autour du monde dès mars 2015
«Retirer avant envol», lit-on sur une plaquette rouge accrochée à l’extrémité de l’avion. Comme une étiquette d’un vêtement neuf, mais pas bon marché. Car l’aéroplane en question n’est pas une maquette de planeur en carton mais le deuxième prototype d’avion solaire de l’équipe de Solar Impulse; il a été dévoilé mercredi à un public trié sur le volet, dans un hangar de la base aérienne de Payerne. Les deux pilotes Bertrand Piccard et André Borschberg, à l’origine du projet, ont inauguré en grande pompe leur nouvel engin «poids plume», 2300 kg seulement, pour 72 m d’envergure. Difficile de cacher les immenses ailes de Si2 – c’est son nom – qui dépassent du rideau…
Le déroulement de la soirée voulait créer le suspense: des séquences filmées du premier avion, le HB-SIA, et de son gigantesque «petit frère» alternent avec des allocutions de «célébrités». Le prince Albert de Monaco, parrain du projet, succède sur scène au conseiller fédéral Ueli Maurer, qui ne manque pas de faire campagne pour l’achat de jets de combat: «Les seuls avions que la Suisse ne construit pas», ironise-t-il. Après quoi la tenture noire révèle l’avion en entier sous un halo bleuté.
Si2 s’envolera en 2015 pour un tour du monde en plusieurs étapes. Le but des deux aventuriers n’est pas seulement de piloter l’engin mais aussi de vendre des idées, celles des énergies renouvelables et du développement durable. «Sur la trentaine de personnes qui accompagnent l’avion à chaque étape, dix s’occupent des relations aux médias», dit Peer Frank, ingénieur chez Solar Impulse. En mars 2015, Si2 décollera probablement d’un pays du Moyen Orient. «Les enjeux économiques et de politique étrangère sont importants. Nous accompagnons Solar impulse dans le cadre de cet exercice», commente Nicolas Bideau, directeur de Présence Suisse qui, au nom de la Confédération, soutient le projet à hauteur de 2,5 millions depuis 2013.
L’avion solaire partira du Moyen-Orient et non de Suisse, afin d’éviter de se retrouver dans les moussons en Inde. Peer Frank estime d’ailleurs que les conditions atmosphériques sont un des obstacles majeurs à la faisabilité du projet. L’autre est la capacité physique de chacun des pilotes à effectuer jusqu’à cinq cycles jour-nuit consécutifs dans le cockpit aux commandes de l’engin.
L’expédition, risquée, dispose d’un budget total de 140 millions de francs. Les 20 millions manquants dans le portefeuille en février dernier (LT du 01.02. 2014) ont été apportés en partie par le groupe ABB, qui a rejoint la liste des sponsors principaux. Par contre, le logo de Deutsche Bank (DB), qui soutenait le projet depuis le début, a disparu de la carlingue. Contacté par Le Temps, Klaus Winker, porte-parole, justifie ce retrait: «L’objectif de notre implication était de montrer comment des projets innovateurs peuvent accélérer des changements significatifs. Cet objectif a été atteint: Solar Impulse a déjà démontré la force de l’innovation dans de nombreux vols couronnés de succès.» Ceci quand bien même Deutsche Bank s’engageait bel et bien en 2007 à soutenir Solar Impulse dans sa tentative de vol solaire autour du monde. Selon Peer Frank, le retrait de DB s’expliquerait par le changement de direction à la tête de la firme ou par la volonté affichée depuis peu chez Solar Impulse de miser davantage sur des partenaires suisses.
L’avion solaire partira du Moyen-Orient pour éviter les moussons